Tout le monde le sait, l’actualité récente a un impact important sur la stabilité de l’économie suisse. Le franc fort et les taux d’intérêt négatifs en tête de liste provoquent des incertitudes supplémentaires sur la performance des entreprises.

Les rendements futurs sont donc plus incertains que jamais. D’ailleurs, lors de la valorisation d’entreprise, on fait souvent appel à la valeur de rendement. Elle fait partie notamment de la méthode des praticiens utilisée par les autorités fiscales cantonales (AFC) en suisse.

Comme nous l’indiquions dans notre article de novembre dernier, la valeur de rendement consiste en l’actualisation des bénéfices à un taux de capitalisation. Ce dernier se compose comme ceci: le taux sans risque qui correspond au rendement moyen des obligations de  la  Confédération  suisse  d’une  durée  de  dix  ans  auquel on ajoute une prime de risque.

La prime de risque utilisée par l’AFC

La prime de risque établie par l’AFC représente un paradoxe, puisqu’elle est fixe depuis bientôt 10 ans*.

On en déduit qu’avec le taux sans risque négatif aujourd’hui, le taux de capitalisation calculé dans ce cadre-là est forcément au plus bas. Avec des taux artificiellement bas voire négatifs, la valeur des entreprises issus de la valeur de rendement utilisée par l’AFC, PME y compris, ne reflète plus les risques auxquels elles sont confrontées.

En effet, aujourd’hui les entreprises sont survalorisées et la méthode utilisée dans le cadre de l’évaluation des entreprises non-cotées par l’AFC doit impérativement être revue afin de réintégrer les risques dans la valeur des entreprises.

Éléments qui composent la prime de risque

Mais que contient la prime de risque et pourquoi serait-elle variable?
S’il est de coutume d’appliquer une “décote pour risque de non-liquidité d’une participation dans une PME, celle-ci reste stable d’année en année.

On ne peut malheureusement pas en dire autant des risques “d’entreprise” suivants:

  • Typologie sectorielle: Une société commerciale ne peut être évaluée de la même façon qu’une société industrielle. Il est évident que la gamme de produit ou service et les perspectives d’avenir sont des critères majeurs.
  • Environnement concurrentiel: Barrière à l’entrée, pouvoir de négociation des clients et des fournisseurs ainsi que le danger issu des produits/services de substitution sont autant de facteurs qui déterminent l’intensité concurrentielle.
  • Variabilité des résultats: Un chiffre d’affaire très fluctuant montre certainement un plus grand risque de non obtention du rendement espéré.
  • Disruption de l’économie: Les nouvelles technologies de l’information changent les règles du jeu et certaines industries pourtant rentables, viennent à disparaître rapidement.

Bien que non exhaustifs, ces quatre éléments, fournissent un bon exemple de la variabilité du risque d’une entreprise à l’autre. Des critères opérationnels, organisationnels, géographiques et juridiques jouent aussi un rôle important en fonction des situations.

N’oublions pas l’importance de la conjoncture, qui comme le démontre notre période, déstabilise les acteurs et rend encore plus incertaines les perspectives de croissance à long terme.

* Les instructions concernant l’estimation des titres non cotés en vue de l’impôt sur la fortune (CI 28) qui servent de base de réflexion sur la valorisation des entreprises ont en effet fixé à 7.0% la prime de risque en 2007.