Philippe Jabre:”Un hedge fund indépendant ne peut perdre 20 %” – Le Temps

Sep 28, 2007

Philippe Jabre:”Un hedge fund indépendant ne peut perdre 20 %”

 

 

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GESTION Pour la star de l’alternatif, les banques gèrent mal l’individualité des hedge funds internes.

Quelles perspectives les marchés réservent-ils aux hedge funds après la crise de cet été? «La gestion alternative est un des métiers où l’on peut créer le plus de richesses. Mais les hedge funds feront moins d’argent si la liquidité des marchés se réduit», affirme Philippe Jabre, CEO de Jabre Capital Partners. La baisse des taux courts américains de 50points de base créera un effet de liquidité de courte durée, a estimé le plus grand gérant indépendant de hedge funds à Genève. «La crise est toujours là, et les banques centrales ont moins de latitude pour baisser les taux, notamment en raison des risques d’inflation.»

Invité jeudi comme orateur d’une conférence d’Edgar Brandt Advisory, l’ex-gérant vedette de GLG Partners a expliqué l’importance des cycles: «Les conditions monétaires suivent des cycles, mais aussi les stratégies comme les fusions-acquisitions et l’activisme; de même, les instruments financiers suivent aussi des cycles. Il faut savoir anticiper ces cycles pour faire de l’argent.»

 

Aux Etats-Unis, une ère de contraction monétaire s’ouvre. Le financier juge la probabilité d’un ralentissement économique assez élevée: «On peut s’attendre à une détérioration du marché de l’emploi, et à un changement de gouvernement qui favorisera une réduction des déficits, une hausse des impôts et une baisse des dépenses de l’Etat. Ces facteurs entraîneront presque à coup sûr une raréfaction du crédit.» La crise de cet été, qu’il qualifie sans conteste de crise bancaire, amènera selon lui «une rationalisation des intervenants sur les marchés».

 

Dans ce contexte, Philippe Jabre préfère travailler pour une firme de gestion indépendante. Son expérience l’a mené à travailler pour des grandes banques comme BNP Paribas (BNP.PA), puis pour des firmes alternatives géantes comme GLG Partners à Londres, qu’il a cofondée il y a 12 ans et qui gère aujourd’hui 16 milliards de dollars. Aujourd’hui, il opère pour sa propre société, Jabre Capital Partners, qu’il a fondée au début de 2007. «Dans les banques, on passe la moitié du temps à expliquer ce que l’on fait à des comités. Aujourd’hui, c’est aux clients seuls que je dois rendre des comptes.»

 

Les problèmes traversés par des hedge funds internes aux banques, comme Dillon Read Capital Management au sein de UBS (UBSN.VX) et Tribeca chez Citigroup (C), témoignent selon lui des difficultés des banques à gérer l’individualité des hedge funds.

Des priorités différentes

«Les banques peuvent recruter 250 personnes pour ces activités avant d’avoir levé un seul dollar», ce qui s’avère hautement risqué. Dans le cas de Jabre Capital Partners, «nous n’aurions jamais pu monter toute l’infrastructure avant d’avoir levé des fonds». Pour les firmes indépendantes, ajoute-t-il, les priorités sont différentes. Des pertes de 44% sur un an, comme celles annoncées par une grande banque d’affaires, seraient impensables: «Un hedge fund indépendant a pour priorité absolue la performance; il ne peut se permettre de perdre même 20%.»

 

Le 1er février, Philippe Jabre lançait son premier hedge fund, Jabcap Multi Strategy, axé à 50% sur l’arbitrage de convertibles et de volatilité. Le fonds avait récolté 3,7 milliards de dollars fin juillet. En août, Euromoney l’a classé numéro un dans la catégorie du meilleur lancement de hedge fund en 2007.

Myret Zaki

Article paru dans Le Temps du 28.09.2007

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